Actu : Teddy Riner raconté par son ami Harry Roselmack

Teddy Riner raconté par son ami Harry Roselmack

L’an prochain à Bakou, la photo sera inédite. Si le plan continue de se dérouler sans accroc, Teddy Riner n’aura plus assez de ses deux mains pour mimer le total de ses titres mondiaux. Il aura besoin de la main de son fils Eden, dans laquelle il a tapé, samedi à Marrakech, avant chacun de ses six combats. Car il semble n’y avoir aucune raison d’envisager la fin d’un règne entamé en 2007. Même pas le genou qui couine, révélé par sa grimace à l’issue de la finale face à Toma Nikiforov, un Belge agité issu de la catégorie de poids inférieure et lui rendant une petite quarantaine de kilos.

Son invraisemblable série de victoires pointe à présent à 144

Neuf semaines après la neuvième, le Guadeloupéen a coiffé sa dixième couronne mondiale, la deuxième en toutes catégories. Son invraisemblable série de victoires pointe à présent à 144. S’il vise résolument sa troisième médaille d’or olympique à Tokyo, le titan n’est plus obsédé par l’arithmétique. C’est du moins la théorie de son ami, le journaliste et producteur Harry Roselmack : “On commence à se tromper sur Teddy. Un dixième, onzième titre, etc., ça n’a plus vraiment de sens. Ça fait longtemps que la performance est faite. Aujourd’hui, il cherche moins à être un sportif qu’un artiste du judo.”

Ce qui requiert la complicité involontaire de l’opposant. Samedi, Nikiforov a osé l’attaquer, une attitude téméraire que salue Riner. “J’ai vu Teddy gagner des compétitions mais faire la gueule car la performance sans l’art ne lui suffit plus, considère Roselmack, lui-même ceinture noire. Il m’arrive de lui envoyer des textos juste pour parler de la dimension artistique de notre sport. Après tout, le judo est la recherche du geste qui terrasse symboliquement l’adversaire.” D’où ce pronostic : “Je crois qu’il n’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas le sentiment d’avoir fait la compétition parfaite.”

J’ai tout de suite su qu’il ferait de grandes choses

                                          Harry Roselmack au JDD

Coproducteur du formidable documentaire Dans l’ombre de Teddy Riner, l’ancien joker du JT de TF1 n’a pas oublié leur première rencontre en 2007, à l’occasion d’un gala entre personnalités du sport et des médias. “Il n’était pas majeur mais déjà très impressionnant. J’ai su tout de suite qu’il ferait de grandes choses. Nous sommes allés l’un vers l’autre, avons parlé de nos racines antillaises communes. Aujourd’hui, notre proximité, c’est quelques mots de créole dans un texto, de temps en temps. Je pense être quelqu’un qui le comprend et lui dit des choses qui lui parlent. On partage une sensibilité.” A ce titre, l’un et l’autre se disent très marqués par leur visite au Mémorial ACTe de l’esclavage, à Pointe-à-Pitre, dans le cadre du film.

S’il se rêve en terreur des tatamis jusqu’à Paris 2024, Riner pense à la suite. Son ami aussi : “Je me souviens de son premier 20 Heures il y a dix ans, il était hallucinant d’aisance. Teddy n’a pas peur de la caméra, il pourra jouer la comédie. Mais il sait aussi recevoir les coups et parfois les rendre. Donc s’il a envie d’entrer en politique…”

 

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