Actu : Meghan Markle, une star à Buckingham

Meghan Markle, une star à Buckingham

Toute l’Angleterre attend l’annonce des fiançailles entre Harry et l’actrice californienne, Meghan Markle. 

Meghan Markle se vante d’être féministe. Elle a pourtant demandé l’accord de son homme avant de se confesser publiquement. L’actrice a reçu chez elle, à Toronto, un journaliste du magazine américain « Vanity Fair ». Le prestigieux plumitif ne se serait pas déplacé pour du bla-bla. Il fallait du sérieux sur son « boy-friend », Harry de Galles, prince de sang, cinquième dans l’ordre de succession au trône britannique. La phrase attendue est tombée comme un fruit mûr : « Nous sommes un couple, nous sommes très amoureux. »

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Jamais la « copine » n’avait ainsi exprimé ses sentiments intimes. C’est aussi inédit que tonitruant. Il est donc certain que Meghan Markle et le prince Harry vont filer à l’autel. Plutôt que le silence aristocrate, la parole contrôlée leur a semblé le meilleur moyen de présenter madame au peuple.

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Meghan a l’air sympathique. Elle mange bio, aime les chiens et apprécie le Canada, même si, en bonne Californienne, elle trouve qu’il fait frisquet à Toronto, où elle tourne la série « Suits : avocats sur mesure ». Meghan tenait à raconter ses origines, ses valeurs, sa famille. Le « Daily Mail » titre d’ailleurs « Opération princesse » pour définir ce coup de communication. Ses parents se sont séparés quand elle avait 2 ans : « Je ne les ai jamais vus se disputer. Nous partions en vacances ensemble. Mon père me déposait à la maison le dimanche soir et nous regardions “Jeopardy !”. Nous étions si proches ! »

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Son géniteur, Thomas Markle, 72 ans, a éclairé durant des années la série populaire « Mariés, deux enfants » et le soap « General Hospital ». Aucune mention de sa banqueroute personnelle, ni de ses autres enfants, Thomas Jr., 50 ans, arrêté récemment, ivre, pour « menace avec une arme » envers sa petite amie. Encore moins de Samantha Grant, la demi-sœur en fauteuil roulant, pour qui Meghan personnifie une qualité : l’arrivisme forcené. La poussière est mieux sous le tapis. La mère de Meghan, Doria Ragland, est une Afro-Américaine instructrice de yoga, qui a élevé sa fille dans une banlieue ghetto de Los Angeles, Crenshaw, très loin de Beverly Hills.

En route pour le Botswana, le 4 août, le jour des 36 ans de Meghan. © THE SUN/SIPA

Meghan ne vient pas du pays des stars, des Rolls et des blondes botoxées sans âge, enclavées dans des villas surdimensionnées. Elle est née de l’autre côté de la barrière, où les serveuses attendent le grand rôle… Elle avait 11 ans quand les émeutes raciales de Los Angeles ont éclaté, en 1992, après l’acquittement des policiers qui avaient tabassé l’automobiliste noir Rodney King. Les voitures et les commerces du quartier crament ; Meghan ressent la colère de la communauté noire. « Les cendres volaient, j’ai cru qu’il neigeait », se souvient-elle, avant que sa mère ne lui intime l’ordre de rentrer à la maison. En classe au collège, la petite doit cocher la case qui correspond à sa couleur de peau : « blanche, noire, asiatique ou hispanique ». L’entre-deux n’existe pas dans les statistiques ethniques. Meghan la métisse hésite, rature et ne choisit rien : « Je n’ai pas su définir mon identité, à l’image de ce que je ressentais à l’époque. »

C’est fou, quand on y pense, la future épouse d’un prince héritier de la Couronne d’Angleterre qui peut témoigner d’avoir vécu concrètement le racisme, la haine, la galère… A côté d’elle, Kate Middleton fait figure de grande-duchesse. Et Meghan est une femme active, qui doit à son travail la conquête de son indépendance financière. Reçue à Northwestern, Illinois, 28e au classement QS des 100 meilleures universités du monde, elle en sort diplômée en théâtre et relations internationales puis effectue un stage à l’ambassade américaine d’Argentine. Ce n’est pas le Pérou, d’autant que Meghan n’a jamais oublié son bonheur à déambuler, enfant, sur les plateaux de tournage. Elle sera actrice.

Seuls au monde dans leur nid d’amour : une tente à 2 500 euros la nuit. © DR

Retour en Californie. Auditions. Rejets. Elle n’est pas assez blanche, elle n’est pas assez noire, elle est trop frisée. Elle est belle pourtant, ce nez charmant, ces yeux espiègles, ce corps dont les courbes explosent. Mais elles sont des milliers comme elle à Hollywood, toutes prêtes à démonter le parquet pour décrocher une apparition en haut à gauche de l’écran, là, derrière Brad, Tom ou Johnny. Ça ne marche pas. Manque de talent ? Peut-être. Ou bien absence de cette chose impalpable, bizarre, une aura de star de cinéma. Meghan s’oriente vers la télévision. « Le retour de K2000 », « Beverly Hills » nouvelle version… Elle fait des panouilles, multiplie les jobs alimentaires, calligraphie des cartons d’invitation de soirées et fait hôtesse de restaurant, armée du « soutien sans failles de [ses] parents ». Un jour, son agent lui transmet le scénario de « Suits ». Une série sur un cabinet d’avocats new-yorkais. Meghan décroche le rôle de Rachel Zane. Elle est parfaite en assistante juridique sexy, confiante et vulnérable, à la fois douce et ambitieuse. Meghan « assure », en petite tenue, fesses plaquées contre les dossiers et langue dans la bouche de son collègue qui, lui, reste habillé. C’est torride, de bon augure pour les soirées d’hiver à Kensington…

Harry, le remplaçant, est plus libre, plus relax que le raide William

Meghan Markle se marie en 2011, après sept années de concubinage, avec le producteur californien Trevor Engelson. La relation se termine par un divorce, prononcé en 2014. Trevor a droit à deux lignes dans « Vanity Fair », mais aucune mention du petit copain suivant, le chef cuisinier Cory Vitiello, avec qui elle rompt au printemps 2016. Meghan était peut-être encore avec lui quand elle a embrassé Harry pour la première fois…

Juillet 2016 est le mois « officiel » du début de la romance avec le prince roux, à Londres. On peut en douter puisque Meghan a laissé échapper qu’ils « sortaient tranquillement ensemble depuis six mois avant que la nouvelle ne devienne publique ». C’est confus, mais c’est le passé. L’avenir leur appartient, même s’ils n’ont rien en commun, a priori. Harry de Galles est le second fils du prince Charles et de Diana Spencer, on peut tracer ses ancêtres jusqu’à la Magna Carta. A moins d’un immense drame, c’est à William que reviendra la lourde tâche de porter la couronne. Harry, le remplaçant, est donc plus libre, plus relax que le raide William. Il a commis quelques bêtises célèbres : port d’un uniforme de l’Afrikakorps, croix gammée en brassard, pour une fête ; bagarre au sortir d’une boîte de nuit avec des photographes ; virée alcoolisée et strip-poker qui tourne mal à Las Vegas…

Une même passion pour l’Afrique : Harry soigne un rhinocéros avec une ONG au Botswana, en septembre 2016. © Bestimage

Harry est pourtant le « royal » préféré des sujets britanniques. Parce qu’il semble plus chaleureux, plus humain que son frère et qu’il a une bonne tête. Il y a aussi ses dix ans dans l’armée. Le petit-fils de la Reine a été affecté à deux reprises en Afghanistan. Il a aussi admis avoir eu besoin de consulter un médecin pour ses divers traumatismes, chose impensable dans cette famille si peu portée sur la psychanalyse. Harry, c’est le « bon mauvais garçon » à qui l’on pardonne tout. Même s’il est obligé, de par son rang, de chaperonner des œuvres de charité, il a l’air d’y prendre plaisir. Il a créé en 2014 les Invictus Games, sorte de Jeux olympiques pour les soldats blessés. Meghan et lui partageraient ça, la philanthropie. Elle défend plusieurs causes, l’installation d’eau potable en Afrique et l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes. Elle le faisait déjà avant de fréquenter son prince.

Une Américaine, divorcée, plus âgée, voilà de quoi faire avaler son pudding de travers à Elizabeth

S’il fallait une preuve supplémentaire du sérieux de leur histoire, Harry a emmené Meghan cet été, pour son anniversaire, dans l’endroit qu’il chérit le plus au monde, le Botswana. Là-bas, le prince a ses habitudes depuis une vingtaine d’années. Il aime dormir dans ces tentes d’où l’on entend les lions rugir. Les deux philanthropes ont sûrement parlé de la meilleure façon de sauver le monde. Harry aurait-il profité de ce cadre luxuriant pour offrir sa bague de fiançailles ? C’est probable. Demeure la question essentielle : que pense Elizabeth II de cette union ? Pour la biographe Sally Bedell Smith, la Reine « est incroyablement ouverte d’esprit et très tolérante. William a été autorisé à cohabiter avec Kate alors qu’elle est issue d’une famille très classe moyenne […], du moment qu’elle a su se conduire avec dignité et discrétion. J’imagine que sa vision serait celle-ci : s’ils sont amoureux et bien assortis, ils ne devraient pas hésiter ».

Une Américaine, divorcée, plus âgée, voilà de quoi faire avaler son pudding de travers à Elizabeth, qui détestait Wallis Simpson. D’autant que cette roturière de Meghan a été éduquée dans un lycée catholique, horreur suprême. Mais puisque c’est l’amour, et que Harry ne régnera pas, alors, pas d’objection. La Reine aurait sans doute privilégié le choix d’une gentille aristocrate dont elle aurait connu les ancêtres. Mais le mariage calamiteux de Charles avec la si bien-née Diana a tout bouleversé chez les Windsor. William, le futur roi, n’a qu’un souhait : vivre le plus normalement possible. Le peuple semble adhérer à cette idée : les privilèges ne sont pas supprimés, ils sont moins visibles. Ainsi, Kate achète parfois ses fruits et légumes au supermarché, s’occupe de ses enfants et veille à leur éducation. Meghan Markle entre dans la nouvelle norme bourgeoise adoptée par la famille royale. Il paraît que c’est cela, être moderne. 

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