Actu : Harry et Meghan toujours plus près du mariage

Harry et Meghan toujours plus près du mariage

Ne lui demandez pas de jouer les ladies. Pour sa première apparition publique au bras d’un prince, elle porte une chemise ample, retroussée aux coudes, et un jean troué aux genoux. Les sceptiques ont 102 épisodes de la série « Suits », dont elle est l’héroïne, pour vérifier que les tailleurs chics et les robes de gala lui vont aussi bien. Ce 25 septembre, à Toronto, près de Harry dans les tribunes des Invictus Games, les olympiades pour les blessés de guerre organisées par le prince, Meghan Markle mise sur le naturel. L’actrice hollywoodienne peut être en couple avec un héritier de la Couronne, elle n’oublie pas qui elle est. Une fille de son temps, plus qu’une femme du monde. Pas royale pour un sou ? En quatre heures, les lunettes de soleil qu’elle porte s’écoulent à 20 000 paires. Et l’enseigne british Finlay & Co annonce que le modèle est désormais épuisé. L’hystérie qui clôt le débat est une preuve : en Angleterre, seules les princesses provoquent des ruptures de stock.

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Catholique, comédienne, divorcée et pas du sérail : drôle de CV pour postuler à « la Firme ». Avant elle, Kate a entrouvert la voie… tout en douceur. La duchesse est aussi une roturière, mais elle vient déjà de la bourgeoisie – « les nouveaux riches », selon certains – du Berkshire. La star américaine, elle, est issue des bas quartiers de Los Angeles. D’un coup, elle propulse la Couronne dans le monde réel. Un monde où rien n’est acquis de naissance. Son histoire est celle d’une Cendrillon métisse qui a subi les préjugés, grandi à deux pas des gangs dealers de crack et nourri dès l’enfance une envie d’exister grosse comme le mont Hollywood. A 36 ans, Meghan Markle donne sa propre définition de la majesté : « Je n’ai jamais rêvé d’être une dame qui lunche. Mais une femme qui bosse. »

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Un centre commercial, deux collines et des rangées de palmiers. Voilà pour le charme de Crenshaw. Le district, situé entre l’aéroport et le centre-ville, est l’un des plus criminels et plus pauvres de L.A. C’est là qu’elle a grandi. Seule distraction pour la jeunesse : une « fureur de vivre » version eighties. Chaque dimanche, des centaines de teen-agers font vrombir leur moteur et crisser leurs pneus sur les 5 kilomètres du Jefferson Boulevard. On est loin des très chics courses d’aviron organisées par les clubs privés londoniens sur la Tamise… Au cœur de Crenshaw, la seule évocation de l’Angleterre est une certaine Buckingham Road, l’occasion, peut-être, d’apprendre à la petite Meghan qu’une de ses ancêtres a été femme de chambre au service de la famille royale au début du XXe siècle. Ses parents l’inscrivent dans des écoles privées. Ils se sont installés dans la seule rue pavillonnaire réservée à la middle class. Une oasis de sécurité à quelques encablures des parcs tenus par les dealers. Ce qui n’empêche pas Meghan d’être confrontée à une autre forme de violence : son père, Thomas W. Markle, chef op sur des soap operas, est blanc ; sa mère, Doria, professeur de yoga, est noire. Dans ce quartier longtemps interdit à la communauté afro-américaine, la diversité n’est pas la norme. Meghan a 10 ans lorsqu’éclatent les émeutes raciales de 1992. Sa mère est souvent prise pour sa nounou. Elle se fait bientôt traiter de « négresse ». Meghan ne parvient pas à la défendre. C’est l’âge où les mots viennent moins vite que les larmes. Où la rage naît.

Meghan avec sa mère, Doria, à Los Angeles. © Visual Press Agency

Celle qui accédera à la célébrité en incarnant une juriste a déjà l’âme d’une justicière. Elle part en croisade. A 11 ans, choquée par une réclame sexiste pour un produit vaisselle, elle écrit à Hillary Clinton pour lui demander fermement d’intervenir. Le slogan de la pub sera changé. Cette victoire sonne comme une leçon pour la vie : Meghan a compris que tout est possible à condition de se battre. Première personne de sa famille à obtenir un diplôme universitaire, elle va choisir le théâtre en même temps que les relations internationales… Mais, après un stage à l’ambassade américaine d’Argentine, elle préfère la comédie. Elle qui a passé des heures sur le plateau de la série « Mariés… deux enfants », tournée par son père, n’a qu’une envie : conquérir Hollywood. Les premiers castings auraient pu la faire déchanter. Meghan n’est jamais assez blanche, ou assez noire. Elle s’obstine. Entre les auditions, elle cumule des jobs d’hôtesse et de calligraphe. Sa détermination a pris la forme d’un combat intime. « A cause de mes origines diverses, j’ai eu du mal à façonner mon identité. Comme si je devais voir la vie en noir ou blanc. J’ai réussi à dépasser cela. A dire qui je suis vraiment, d’où je viens, et ma fierté d’être une femme métisse, forte et sûre d’elle. »

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Rachel Zane, son personnage dans « Suits », sera un rôle sur mesure. A quelques nuances près. Rachel a une mère blanche et un père noir. Et un petit ami qui fraude pour gagner ses lettres de noblesse… Pour le reste, c’est tout elle : ambitieuse, sexy et bien décidée à lutter contre les injustices. Ambassadrice de l’association humanitaire World Vision, Meghan est aussi porte-parole de l’Onu pour la condition féminine. Elle a participé au forage de puits dans la campagne rwandaise, s’est rendue à New Delhi pour dénoncer les discriminations faites aux jeunes Indiennes.

Meghan aurait fait découvrir à Harry la supériorité du yoga… sur la tequila

Son sens de l’engagement a aussi séduit Harry. William et Kate sont tombés sous le charme. Et les Britanniques ont suivi. Ils sont sûrs d’avoir trouvé la perle rare : une Angelina Jolie avec un soupçon de lady Di. It girl féministe, star autodidacte, indépendante et d’origine modeste, elle parle autant à la jeunesse branchée qu’aux milieux populaires. D’autant qu’elle tranche avec le style de Kate, qui s’impose le bon goût comme règle d’or. Et puis sa réussite fait rêver parce qu’elle n’est pas inaccessible. Meghan est née sans privilèges. Elle a connu la galère et l’humiliation. Ses parents sont divorcés, elle a déjà été mariée deux ans, son père s’est récemment déclaré en faillite, son demi-frère, Thomas Jr., a été arrêté pour avoir braqué une arme sur sa petite amie et, même si sa demi-sœur dénonce son arrivisme forcené, peu importe. On lui pardonne tout. Elle connaît la vie et ses épreuves. N’est-ce pas elle qui a encouragé l’héritier chouchou, de trois ans son cadet, à se livrer sur la mort de Diana et son difficile travail de deuil ? Des confidences qui ont bouleversé l’Angleterre. Il paraît même qu’elle lui aurait fait découvrir la supériorité du yoga… sur la tequila.

Le 30 septembre, à Toronto, un tendre baiser pendant les Invictus Games. © Visual Press Agency

Meghan a arrêté de poster les photos des repas bio, des dîners en ville ou de ses chiens, Guy et Bogart, pour son 1,8 million d’abonnés Instagram. Elle a fermé son blog The Tig, sur lequel cette fan de cuisine et de mode dispensait des conseils beauté et partageait ses recettes de grand-mère. Elle n’en reste pas moins une femme d’aujourd’hui, qui sait conjuguer priorités avec frivolité. Son entourage, désormais surnommé « la bande de M », est à son image : des trentenaires auréolés de succès, hype et festifs, mais qui gardent les pieds sur terre. Markus Anderson, d’abord, le gérant des clubs très privés Soho House à Londres et à Toronto, où elle vit encore. C’est lui qui l’a présentée au prince. Elle fréquente des entrepreneurs, des stylistes, Sophie Grégoire Trudeau, la femme du Premier ministre canadien, l’actrice bollywoodienne Priyanka Chopra, Miss Monde et ambassadrice de l’Unicef. Quand la tornade médiatique a commencé à l’effrayer, elle s’est tournée vers la joueuse de tennis Serena Williams. La pro des coups gagnants lui donne ce conseil : « Tu ne peux pas te cacher. » Elle va le suivre à la lettre.

« Nous sommes un couple. Nous nous aimons. […] J’aime les grandes histoires d’amour. » Décidément, Meghan pulvérise les codes. Avant le mois de septembre 2017, il n’était jamais arrivé dans l’histoire de la monarchie que l’amie d’un prince évoque leur relation avant d’avoir la bague au doigt. De quoi s’attirer les foudres de la famille royale ? Même pas. D’ailleurs, en Angleterre, on n’imagine pas une seconde que l’actrice ait pu se confier publiquement sans l’accord préalable de la Reine. Dépoussiérer la Couronne… C’est un job sans fin. 

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